Après l’annonce de la dissolution historique dimanche 9 juin, Emmanuel Macron a fait plus que stopper les discussions à l’Assemblée, notamment sur le projet de loi « Fin de vie », il a chamboulé le calendrier parlementaire. Ceci dit le gouvernement sortant, à bien précisé que ce texte serait remis au programme législatif dès que possible.

Il est temps de faire un point rapide sur cette loi qui peut/va bouleverser notre approche thérapeutique et philosophique du passage de la vie vers la mort.

Il existe déjà un cadre légal en vigueur , concernant l’Euthanasie passive, représenté par la loi Leonetti (2005) puis renforcée par la loi Leonetti-Claeys de 2016. Celle-ci étant jugée insuffisante par certains , elle doit selon eux, être adaptée suite à l’évolution sociétale et les nombreuses législations mises en œuvre de part le monde. Il conviendrait donc de traiter le sujet de l’euthanasie active déjà autorisée en Europe (par exemple Belgique).

Ce futur texte doit comporter trois volets. Un premier sur l’aide active à mourir (euthanasie active, suicide assisté). Un autre sur les droits des patients. Et un troisième sur les soins d’accompagnements, qui incluent les soins palliatifs.

Autant dire tout de suite que le sujet des soins d’accompagnement et palliatifs fait consensus : les soins palliatifs, droit inscrit dans la loi depuis 1999, représentent un des parent pauvre de l’hôpital public Français, à savoir :

  • 26 départements ne proposent aucun soin palliatif
  • La France ne dispose que 2,4 lits de soins palliatifs pour 100.000 habitants, loin derrière la Belgique (3,4), le Royaume-Uni (4,2) , le Québec (10)
  • Le manque de personnel et de formation spécifique

Ceci concerne nous seulement les soins palliatifs mais aussi les équipes mobiles et celles d’hospitalisation à domicile (HAD)

A droite comme au centre et à gauche, les représentants des cultes et du monde médical, tous exigent que le cinquième plan en cours apporte rapidement des réponses sur ce sujet.

Par contre, le sujet de l’aide active à mourir concentre toutes les tensions, fait l’objet de nombreux débats enflammés et de prise de positions péremptoires ou non.

Pourquoi ? 5 raisons principales :

  • Nombre de patients souffrant de douleurs intolérables, notamment cancéreuses n’ont plus le souhait de mourir lorsque celles-ci sont traitées
  • Notre société néolibérale a occulté la fin de vie et la mort. Elle préfère mettre en avance le jeunisme des anciens et reste discrète sur les EHPAD et autres établissements dédiés. La responsabilité individuelle est aussi questionnée, d’aucun préfèrent payer et ne pas avoir à supporter les anciens. La mort n’est plus considérée comme faisant partie du parcours de vie
  • Offrir cette possibilité peut conduire à un ralentissement des recherches concernant les « maladies incurables »,
  • Nous sommes devant un choix de société et de civilisation. Qu’on l’admette ou non, la base de notre société est, et reste la civilisation Gréco-Judeo-Chrétienne dans laquelle la vie est sacralisée, le fait de donner la mort étant proscrit : tu ne tueras point, Sixième commandement,
  • Qui doit donner la mort et dans quelles conditions ? Citons le serment d’Hippocrate « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément ».

Même si la convention citoyenne à remis ses conclusions ( se positionne en faveur d’une aide active à mourir à 75,6%) personnel soignant, croyants, représentants des cultes, politiques…restent extrêmement divisés. Deux visions de l’homme et de ses droits s’opposent :

  • La première est celle représentée par le grand orient de France qui invoque le droit de mourir dans la dignité en abolissant la souffrance lorsque celle-ci se fait intolérable, insupportable, inacceptable… sous réserve que la personne en exprime en pleine conscience sa volonté et que cette démarche soit suffisamment encadrée pour éviter tout risque de dérive,
  • La seconde, celle que l’on peut qualifier de Gréco-Judéo-chrétienne qui soutient le droit à la vie, parle d’euthanasie, de morale et met en avant une nouvelle violence encourageant une culture de la mort. Elle souligne les excès qui peuvent survenir et qui ne se sont pas fait attendre (une jeune femme victime des attentats de 2016 recourt à l’euthanasie pour cause de « souffrance psychologique insupportable »)

On peut en conclure que cette situation est binaire, il n’en n’est rien, nombre d’entre nous sommes partagés et en priorité le personnel médical qui se retrouve de facto « en première ligne »

En effet, le personnel soignant serait présent à toutes les étapes de l’évaluation médicale à l’administration de la substance létale dans certains cas, en passant par la vérification des critères d’accès, la notion de secourisme à l’envers étant invoquée. Ce texte entraîne donc la colère des soignants qui dénoncent une parodie de consultation, boycottent les réunions avec le gouvernement…Pour toutes les raisons exposées précédemment une telle attitude est compréhensible, le « permis de tuer » est soupçonné être favorisé au dépend des investissements en soins palliatifs…et ceci pour des raisons budgétaires (gouvernementales et non médicale)

En résumé, même si nous n’en sommes pas à « Soleil Vert » il convient d’être très vigilants sur ce sujet qui malheureusement nous concernera un jour directement, ou indirectement, qui , dans tous les cas implique une vision de l’homme, une morale et in fine un choix de civilisation.

PS : L’euthanasie active représente 2,3 % des décès en Belgique et 5,1 % au Québec

L'article Projet de Loi « Fin de vie » est apparu pour la première fois sur Union des Français souverains

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